Martin est un jeune professeur des écoles. A la rentrée, comme nombre de ses collègues, il attend qu’un poste se libère. Il ne connaît ni son lieu d’affectation, ni le niveau qu’il va enseigner, ni son public. Il est remplaçant.
Et ce qui commence comme une critique rigolotte du statut de remplaçant dans l’Education Nationale, se transforme en autobiographie amère, critique et dénonciatrice d’un système mal foutu, le jour où Martin est nommé dans un centre de redressement pour élèves en grandes difficultés.
Des personnages en patates et des dessins ronds et enfantins, un noir et blanc clair, une écriture liée et jolie, la douceur des planches de Martin Vidberg correspond à l’amour qu’il porte à son métier, et à la tendresse avec laquelle il regarde ses élèves. Pourtant rien ne cache non plus la violence de ceux-ci, des bonhommes de même pas dix anes pour la plupart, cassés et à « redresser ». Cela ne cache pas les manques de l’Education Nationale, manque d’effectif, manque de logique, manque de tout. Cela ne cache pas les coups au moral de l’instit’ (une dénomination beaucoup moins glamour que dans la série télé), à peine ensoleillés par les (très) rares progrès de ses élèves.
En lisant Le Journal d’un remplaçant, j’ai repensé à ma minuscule propre expérience, et à ce bonhomme que j’ai « aidé » à renvoyé en SEGPA, en croisant très fort les doigts que cela marche pour lui. Cet ouvrage serait à faire lire à tous les pontes de l’Education Nationale (et e plus haut encore) qui pensent que l’Ecole est affaire de statistiques et de proportions 1 prof/25 élèves, taillant dans les effectifs pour faire des « économies »
Une réussite.
Et je ne peux m’empêcher de parler ici, puisqu’on parle du sujet, du blog de Tom et de celui de Soph’ (vous connaissez d’autres blogs de profs ? Faites passer les liens !)