Shadow Man est un roman policier de 426 pages (chiffre important pour ma conclusion) Je ne connais pas l’auteur (c’est son premier roman) et n’ai pas lu de thriller depuis un certain temps. Shadow Man était donc pour moi à la fois une découverte et une redécouverte.
L’agent du FBI Smoky Barret revient aux affaires après avoir passé six mois claquemurée chez elle. Victime d’une agression sauvage qui a coûté la vie à son mari et sa petite fille, Smoky cherche une nouvelle raison de vivre. Le meurtre d’une amie de fac par celui qui se proclame descendant de Jack l’Eventreur va se charger de la remettre sur les rails.
Le pitch de Shadow Man est, soyons honnête, alléchant à défaut d’être original. J’ai lu quelques thriller pendant mon adolescence, au premier rang desquels les classiques Dragon Rouge et Silence des Agneaux ; la passion des serial killers a également bien meublé ma culture cinématographique et télévisuelle (de Seven à Esprits Criminels) Ceci pour dire que je ne partais pas sans outil à la charge de Shadow Man, que je connais un peu les ficelles qui font les bons thrillers, ou pas.
Alors allons-y…
Shadow Man repose sur une psychologie bancale. Celle du tueur, à la fois dominait (la seule originalité, mal exploitée, de l’intrigue, puisqu’il ne travaille pas seul), investi d’une mission de nettoyage, et changeant de méthode pour attirer l’attention du FBI. Les deux dernières caractéristiques ne vont pas ensemble, et se conjuguent avec une maladresse qui m’a fait grincer des dents. J’aime être déstabilisée par un personnage, mais pas quand cela va à l’encontre de la logique. On sent que l’auteur voulait créer un méchant original, mais ça ne marche pas.
Ce problème de définition des personnages se retrouvent aussi chez les gentils (des vrais gentils sont vraiment d’ombre d’ailleurs) Aucun évolution psychologique n’est palpable. Et quand un des personnages craque, ce n’est pas convaincant. Définis à grands traits, qui devraient permettre une bonne identification, les personnages n’ont aucun relief. On aimerait les aimer, d’autant de chacun porte en lui les caractéristiques d’un type que l’on retrouve dans toutes les histoires de FBI ou de profilers : le psychorigide, l’intello, le hacker, la femme battante, le bon flic, etc. On est en terrain connu, on a déjà ses chouchous, mais rien de se passe. Dommage.
L’héroïne pourrait faire passer tout ça. De l’état de femme morte et dépressive, elle se relève pour combattre son ennemi. Physiquement jumelle de Clarisse, l’héroïne du Silence des Agneaux, elle se rapproche psychologiquement des grands détectives de ce genre de littérature, très proches du mal pour pouvoir mieux le combattre. Mais, très franchement, elle gonfle.
Cette fois-ci, ce n’est pas exactement la psychologie de Smoky qui est à montrer du doigt, mais l’écriture elle-même.
Première personne du singulier au présent de l’indicatif : un choix casse-gueule. J’aurai aimé dire que McFadyen s’en est tiré avec les honneurs, mais ce n’est pas le cas. Choisir ce style pousse à être tout le temps dans la tête de l’héroïne, une héroïne détruite et poussée à la haine qui dissèque toutes ses réflexions, explique, prend du recul ? Ca ne passe pas, le contraste est trop grand : elle est censée agir à l’instinct et passe des pages et des pages à expliquer son comportement et à avoir de curieuses et presque malsaines images d’un lyrisme déplacé.
C’est lourd, très lourd.
J’ai lu les 426 pages de Shadow Man, j’ai eu le temps de relever aussi quelques incohérences scénaristiques, et j’ai trouvé ça très long.
Une vrai déception.
Note : En remerciement, McFadyen cite l’excellent essai de Stephen King, Ecriture. Il ferait bien de le relire.
Critique faite das le cadre de l’opération Masse Critique de Babelio.