[comme d’habitude avec mes posts « réflexifs » ma pensée n’est jamais vraiment claires, donc à la moindre incompréhension / réaction, n’hésitez pas à me demander, je verrai si j’arrive à préciser ma pensée]
Cette semaine enfin, j’ai pu entendre un hommage à J.G. Ballard sur les ondes, sa disparition ayant eu l’air de passer relativement inaperçue partout. J’ai ainsi appris qu’après avoir écrit de la SF tout ce qu’il y a de plus normal, l’homme a décidé de se tourner vers un autre genre de fantastique, l’anticipation, la même qui a donné des Mad Max post crise pétrolière ou des Fils de l’Homme en pleine « réflexion » sur l’immigration.
Mes pensées ont ensuite été captées par divers reportages, informations et autres flashs télévisés.
J’avoue qu’en ce dimanche soir, mon malaise est encore bien présent. Car je pense qu’il n’y a pas pire pour un auteur de SF ou d’anticipation qui ne fait pas de politique dans ses textes (qui n’écrit pas forcément pour le message à faire passer) que de voir que des sujets de pure fiction fantastique ou horrifique sont bel et bien réels.
Les livres apocalyptiques débutant par une pandémie fulgurante sont légions. Un peu comme si tous les écrivains de SF et de fantastique avaient un jour écrit sur ce thème, comme un passage obligé.
La pandémie qui se déroule en ce moment même au Mexique fait froid dans le dos, même si entre la peur abstraite de la mort (qui est pourtant loin de nous, ceci dit sans cynisme aucun par rapport aux victimes) ne survit pas très longtemps face à une confiance plus ou moins justifiée en la recherche actuelle.
Mais en fait c’est quelque chose d’autre qui m’a mise mal à l’aise ces derniers jours.
Imaginez le scénario d’un survival : le héros se perd dans un pays vide. Il arrive dans un village étrange, gris et sans vie. Ses habitants souffrent la désespérance par tous leurs pores, oscillent sans cesse entre la folie et le suicide. Et au milieu de ces personnes, le héros découvre des monstres. Bien entendu, structuré ainsi, avec un peu d’action, on reprochera une similitude trop grande avec un Massacre à la Tronçonneuse ou surtout une version de La Colline a des yeux. Alors on pourrait plutôt prendre le point de vue d’un habitant du village, et structurer le récit autour de sa fuite, de sa recherche du coupable ou de sa tentative de vouloir vivre normalement.
Ca ferait, ça pourrait faire un bon bouquin. Je suis certaine qu’il y aurait quelque chose à en tirer.
Mais pour l’instant, tout ce que j’arrive à me dire, c’est que ce village existe bel et bien, et que ça me fout vraiment mal à l’aise d’avoir considéré, sans le savoir, cette misère humaine comme un bon sujet de bouquin (faites une recherche sur Semipalatinsk ou Semeï pour comprendre, mais évitez si vous êtes vraiment sensible à ce genre de choses)
Je ne me pose même pas la question de savoir si il est juste ou non d’utiliser un tel sujet pour un livre de « loisir » (j’ai écrit déjà sur des ordures finies, sur des situations très borderline), je ne fais qu’exposer quelque chose qui m’a profondément dérangée.
Cet article n’avait pas pour but d’être cynique par rapport aux malheurs du monde (je ne le suis pas) ni d’exposer une quelconque naïveté par rapport à ces mêmes horreurs (genre « oh, mais je ne savais pas que ça existait ! » parce que si, je le savais, et vu mon âge, les images de famine en Ethiopie et de bébés malformés à Tchernobyl ont été les premières à me marquer profondément) Il s’agissait juste pour moi de mettre à plat quelque chose qui m’est pourtant, pour l’instant, assez inexprimable.