Voici une question qui est apparu aujourd’hui sur le blog de Cindy Van Wilder, auteur et aussi adorable lectrice et bêta-lectrice de mes romans (enfin, des deux que j’ai fini) Cette question a le mérite d’être simple, mais elle comporte aussi en elle une énorme difficulté : c’est celle qu’on pose le plus aux auteurs et celle à laquelle il est le plus difficile de répondre.
Pourquoi ?
Parce-que.
Mais puisqu’on est sur un blog et qu’il faut bien développer un peu tout cela, essayons quand même d’aller plus loin que ce « parce-que ».
Raison #1 : J’avais envie de lire des histoires que j’avais déjà dans la tête.
Le besoin de mettre à plat des choses dont je rêvais, la tête un peu dans les étoiles, alors que j’aurais du me concentrer sur mes révisions en histoire-géographie ou en biologie. J’étais au lycée et je détestais réviser. Alors je rêvassais et un jour j’ai décidé d’y aller de la plume. Ce n’était que pour moi. Internet n’existait pas vraiment et je ne pensais pas que quelqu’un dans mon entourage puisse s’intéresser à ce que je faisais. Tout restait entre moi et ma machine à écrire (électronique, récupérée lors du renouvellement de matériel de la section secrétariat du lycée où travaillaient mes parents) J’ai encore ces pages écrites, gardées bien précieusement dans une chemise. Et donc, ces histoires correspondaient à des choses que je voulais lire mais auxquelles je n’avais pas accès. Alors j’ai commencé à les écrire.
Raison #2 : J’avais besoin de reconnaissance.
Eh oui ! On dit souvent, et c’est très vrai, qu’il ne faut pas écrire pour avoir du succès. Qu’il faut d’abord écrire pour soi. Certes, je souscris à ce point de vue. Mais, il y a un mais. Cela dépend des personnes et cela dépend des expériences des gens, néanmoins, dans mon cas, il y a eu un moment où le fait d’écrire me permettait d’entrer en contact avec d’autres personnes. Des lecteurs. Et encore mieux : des lecteurs qui aimaient ce que je faisais. Dans la tête de quelqu’un qui n’avait qu’une très mauvaise estime de soi, c’est quelque chose qui compte. Alors j’ai continué à écrire. D’abord des fanfics. Ensuite des nouvelles que je faisais lire à mes amies, puis des nouvelles que je faisais lire à des inconnu-e-s, et des nouvelles que je soumettais à des comités de lecture. Je suis lue, je sais que je suis lue, et ça fait du bien. Voilà pourquoi j’écris, aussi.
Raison #3 : Au bout d’un moment, il y a la Muse.
C’est la troisième raison mais c’est aussi la troisième étape. À partir du moment où on commence à écrire beaucoup et régulièrement, on commence à avoir des besoins étranges. Cindy l’appelle « Muse ». Je l’appelle « cette explosion dans la tête qui fait que tu DOIS ABSOLUMENT prendre un post-it, le noircir, et le coller sur le mur au-dessus du bureau ». Et j’y reviens une semaine, un mois, un an plus tard, je me demande bien ce que j’ai voulu dire par là, et, de temps en temps, je le reprends, j’ouvre un document word ou je prends une page de cahier, et je couche un script ou un pitch et voilà, c’est parti ! Avant, quand j’avais un peu moins d’expérience, je débutais immédiatement sur un début de roman. Je ne le fais plus parce que je sais où ça mène, à l’impasse. Malgré « Muse », j’ai appris à être un peu rationnelle. Il n’empêche, ce premier mouvement ne l’est pas du tout. C’est lui aussi qui détermine la réponse « parce-que » à la question « pourquoi ». Et c’est pour ça que j’écris.
Raison #4 : Je ne sais pas parler politique, alors je préfère l’écrire en fiction.
Cette dernière raison est la dernière à être apparue dans mon processus d’écriture. Elle est toute jeune et elle est arrivée un peu en traitre. J’avais déjà remarqué que je parlais beaucoup de moi dans mes textes ; je n’ai noté que récemment qu’il y avait aussi, dans mon écriture, des opinions et des prises de position que j’aurai du mal à renier en tant que personne. Alors certes, je n’écris pas pour défendre quelque chose, mais je n’écrirai plus pour ne pas défendre cette chose. Je me suis rendue compte que je ne pourrai plus écrire une histoire complètement blanche, ou complètement hétéro, ou complètement apolitique, ou éloignée de ce que je suis – mon premier sujet est la défense de la différence. Ce n’est plus possible. Et à chaque nouveau texte, cette petite raison #4 prend de plus en plus d’importance – ou de conscience. Et c’est pour ça que j’écris.