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Archives du 20 mars 2009

Le Cinéma Baroque : Watchmen

J’ai une opinion assez ambivalente sur Zack Snyder. Pas en tant qu’homme (je pense que je le détesterai d’après le peu que je connais de lui), mais en tant que cinéaste. Le bon point : L’Armée des Morts, remake très jouissif du classique de Romero (que j’avais vu avant et aimé avant). Le mauvais point : 300, dont la première vision m’avait explosé les mirettes, et dont la seconde vision m’avait apporté beaucoup de fous rires involontaires.

Ayant lu finalement le comic Watchmen avant d’aller voir le film, j’avoue avoir eu très très peur.

Eh ben finalement, à l’opposé de beaucoup de gens je pense, j’ai adoré ce film. Et je trouve sincèrement que Snyder a eu un sacré culot pour beaucoup de choses dont celles-ci :

– oser le décalage complet entre les images et les chansons (la chanson post-hyppie de Simon and Gardfunfel The Sound of Silence pour l’enterrement du fasco Comédien ? Coup de génie !)
– ne jamais évacuer le côté assez bêta et terre à terre du « héros » Hibou (bien que n’appréciant pas le personnage, j’avais beaucoup aimé le traitement façon « vieux mou » du comics, et je suis très contente de voir que Snyder n’a pas « héroifier » son héros pour le passage sur grand écran)
– appuyer l’iconisation des personnages par des ralentis : le « truc » visuel et technique de 300 est ici utilisé avec une parcimonie étonnante de la part de Snyder, et ça marche
– appuyer l’iconisation, encore, des personnages, en soulignant leur force d’une façon que j’ai trouvée assez adroite : cela peut être jugé comme une trahison par rapport à la normalité des personnages dans le comics, qui sont des gens lambda avec juste des costumes plus ou moins ridicules, mais j’ai trouvé que ça rendait bien à l’écran, et que ça symbolisait bien aussi leurs frustrations (genre je défonce un mur parce que ma colère est grande comme ça)
– le générique : résumer plusieurs dizaines de pages du comics et décrire l’uchronie de façon aussi claire en quelques images, whouah ! Alors certes quelques scènes (et Cène ^^) doivent paraître obscures aux personnes qui n’ont pas lu le comics avant (elles ne concernent que les héros et pas du tout l’uchronie), mais quel plaisir tout de même !

Bon, j’ai aussi trouvé quelques défauts au film, mais qui sont explicables par des problèmes de « simplification » du scénario (il pouvait pas faire un film de cinq heures non plus) : le complexe mère-fille du Spectre soyeux un peu trop survolé, ce qui enlève quand même à la complexité du personnage ; la présence du Hibou à la mort de Rorschach que j’ai trouvé vraiment dommageable (parce que son ridicule à lui dédramatise beaucoup cette scène pourtant intense et dramatique dans le comics) ; l’absence totale de la trame parallèle sur le marchand de journaux, son lecteur et les histoires de pirate.
Mais en tout et pour tout, un grande réussite, et c’est sans doute la première fois que je prends autant de plaisir à regarder un film de super héros aussi « baroque » (comme dit 300 était un peu trop primaire, et Sin City pourtant joli et que j’avais aimé ne m’a pas laissé non plus une impression aussi forte)

J’irai le revoir, et j’achèterai le DVD, et voilà.

Note bonus : j’ajoute Le Comédien à la longue liste de des personnages ambivalents et complexes que j’adore (ceci ne veut pas dire que j’approuve leurs actions, au contraire, mais c’est comme Gaïus Baltar dans BSG : il y a de la fascination dans l’horreur)

 
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Publié par le 20 mars 2009 dans cinema