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Archives du 8 mars 2009

Watchmen, Alan Moore et Dave Gibson

Petite précision avant d’entreprendre cette critique : je n’ai quasiment aucune culture comics. J’ai lu ne partie de l’intégrale X-Men parue en France il n’y a pas très longtemps, quelques Batman et quelques Wolverine. Ca s’arrête à ça et à de vagues souvenirs de Strange lus quand j’étais gamine. Je ne suis jamais arrivée à la fin de From Hell et Watchmen est mon premier roman graphique lu en entier.

L’énorme volume des Watchmen me faisait donc de l’œil en librairie depuis quelques semaines, et j’ai donc craqué ce samedi. Lu en une soirée et une journée (en gros, avec repas familiaux entre) Watchmen se divise en chapitres denses séparés par des textes qui interagissent avec les actions dessinées, de façon directe ou non (interviews, articles de journaux, essais, etc.)

L’histoire se présente dans un univers alternatif, des années 80 plutôt républicaines qui tanguent entre la guerre froide et la menace permanente d’une guerre nucléaire et une évolution sociale moderne décrite avec la décrépitude et la déchéance qui s’accordent si bien à ce genre d’univers.

Dans ce cadre anxiogène au possible (j’adore ce mot), un ancien héros masqué, le Comédien, agent du gouvernement, est tué. Sauf que le Comédien est bâti comme un GI Joe (et pense comme un GI Joe aussi, ce qui le rend antipathique au possible) et que sa mort soulève les soupçons d’un de ses anciens pseudo compagnons, Rorschach, homme masqué que l’on devinera très rapidement fasciste, fasciné par la « propreté » des mouvements d’extrême-droite et complètement perturbé dans sa tête. L’esprit communautaire, cher aux autres productions de supers héros (genre X-Men) n’a pas vraiment droit de citer ici : le groupe des héros masqués, c’était surtout pour faire de la pub, de l’argent et de la politique. En fait de justice, bof, on repassera. Mais bon une mort suspecte reste une mort suspecte, et Rorschach cherche à secouer et prévenir les autres… Mais voilà ceux-ci ne se bougent pas très vite, soit trop obnubilés par leurs recherches (méta)physiques (Docteur Manhattan, l’homme le plus zen et insensible du monde, et aussi le plus bleu), par leurs névroses oedipiennes (Le Spectre Soyeux et ses relations avec sa chère maman) ou par leur crise de la quarantaine très briochée au niveau du bide (Le Hibou) Sans parler de ceux qui font beaucoup, beaucoup d’argent et sont aussi très propres sur eux (Ozymandias)

Chaque chapitre se concentre plus ou moins sur un personnage, et certains d’entre eux nous laissent plonger dans leurs pensées ou leurs journaux intimes. Les incursions chez Doc Manhattan et surtout chez Rorschach sont réellement passionnantes.

Ajouter à ceci des scènes de la vie « courante » située autour de la baraque d’un marchand de journaux, la menace soviétique d’une Troisième Guerre Mondiale et l’histoire d’un naufragé écrit par un génie de la bande-dessinée, et on se retrouve avec une histoire hyper complexe et à lectures multiples.

J’avoue avoir été très déstabilisée par le côté très « de droite » de ces héros (on va le dire, surtout du Comédien, Rorschach et Ozymandias) et la mise en parallèle à peine métaphorique entre ces héros qui font la justice eux-mêmes, au-dessus des lois, et des milices d’extrême-droite. Habituée à la morale sur l’acceptation de l’autre genre Bisounours des X-Men, j’ai plutôt un peu pris une douche froide là. Mais finalement, les auteurs sont assez malins pour prendre de la distance avec leurs personnages, et à ce titre la profondeur de l’étude psychologique de Rorschach est complètement bluffante.

Une grande œuvre donc et, ça tombe bien, bientôt je parle de La Vague… Et cette semaine je vais voir le film.

 
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Publié par le 8 mars 2009 dans lectures