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Archives du 6 février 2009

Un goût de rouille et d’os, Craig Davidson.

Il est des auteurs autour desquels on tourne sans cesse, sans vraiment oser les rencontrer. Parce qu’ils sont un peu intimidants, parce qu’on a peur d’être déçue. Parce que, surtout, on se sent très fille face à des écrivains symboles de la « mâlitude » des fins de millénaires. C’est jôliment dit sans doute (ou pas), mais c’est exactement le sentiment que j’ai face à Bret Easton Ellis et Chuck Palahniuk.
Depuis mes dix-sept ans, année où je suis allée voir mon premier vrai film d’adultes au cinéma, toute seule en plus (Fight Club, interdit au moins de seize ans… non mais pour une fille gentille et discrète, ça tenait presque de l’exploit hein) j’hésite. Lire, ne pas lire.
Et un jour je trouve ce livre-là sur l’étal d’un libraire, j’aime le titre, j’aime la couverture, j’aime que ce soit un recueil de nouvelles (forme littéraire dont je suis très fan), et il paraît que cet homme là fait « dans le style de », ou du moins qu’il est du même mouvement que les deux cités plus haut. Alors hop, dans mon cabas, et deux semaines plus tard (parce que je lis peu en ce moment) le livre est achevé.

Présentation de l’éditeur
Un goût de rouille et d’os, c’est L’amère saveur du sang dans la bouche. Quand Eddie se fracture les os des mains, sa carrière de boxeur semble finie. Hanté par un dramatique accident dont il se sent responsable, il se lance dans les combats clandestins pour racheter sa faute… Un personnage parmi d’autres, brisés par La vie, inoubliables de justesse, qui composent ce magnifique recueil.

Craig Davidson a tout pour bien énerver, mais d’abord, il est né en 1977. Une excellente année je dois dire, mais trouver face à soit un monsieur qui a le même âge que soi et qui a déjà sa petite carrière, c’est énervant. C’est comme ça, un sentiment naturel.
S’il avait été mauvais écrivain, s’il avait eu des sujets bateaux, des personnages grossièrement dessinés, bref, s’il avait eu les caractéristiques qui me font immédiatement refermer un livre, alors je n’aurais pas hésité à déverser fiel et méchancetés. Mais voilà, dans les huit textes présentés ici, un seul me paraît tout juste moyen (Friction, sur un sex addict, dont je trouve le propos assez peu intéressant et la fin très bof) Les sept autres nouvelles sont des perles magnifiques, des joyaux magistraux. L’écriture de Craig Davidson ferait pleurer n’importe quel apprenti écrivaillon, dans son sens du détail, le caractère à la fois rustre, violent, mâle, et hyper sensible de ses personnages. S’il s’attache à décrire une population moyenne, il ne le fait avec aucun misérabilisme, sans aucune caricatutre. Aucune raison de souligner des caractères quand on arrive déjà si bien à les dessiner. Du boxeur au père trop aimant, de l’éleveur de chiens au magicien en manque de père, ces hommes sont touchants et profondément humains. Les femmes sont traitées avec autant d’égard, jamais cruches, jamais bimbos, jamais là juste pour décorer.
C’est parfait.

Et du coup j’ai emprunté un Bret et un chuck à la bibliothèque, au hasard comme ça, juste pour voir.

 
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Publié par le 6 février 2009 dans lectures